On connaissait la Taqyah1, dissimulation religieuse, sous sa forme classique comme une œuvre pieuse2 mais ici nous parlerons d’une autre forme de dissimulation. L’ayatollah al-Hajj as-Sayyed Mohammad al-Housseyn al-Housseyni at-Tahrânî nous rapporte dans son ouvrage Ma’rifat al-Imam (connaissance de l’Imam) un récit pour le moins intéressant.
Un récit entre deux monuments parmi les savants Imâmites (Cheikh Abbas al-Qommi, élève du fameux Mirza Hossein al-Nûri al-Tabarsi et auteur du fameux ouvrage d’invocations chiites Mafatih al-Jinane et Sayyed Muhsin al-Amîn, auteur de l’ouvrage d’Histoire A’yiân ach-Chi’a) qui en dit long sur l’honnêteté intellectuelle qui règne chez ces savants. L’ayatollah at-Tahrânî rapporte dans son ouvrage Ma’rifat al-Imam, le récit suivant :
انتقاد رأي المحدِّث القمّيّ في عدم ذكر بعض الحقائق التأريخيّة
نقل لي المرحـوم صديقـي البارّ الكريـم سـماحة آيـة الله السـيّد صدرالدين الجزائريّ أعلی الله مقامه أ نّه كان ذات يومٍ في بيت المرحوم آيةالله السيّد محسن الامين العامليّ رحمه الله بالشام، واتّفق حضور المرحوم ثقة المحدِّثين الشيخ عبّاس القمّيّ رحمه الله هناك. فجري حوار بين المرحومين القمّيّ والامين. فقال المرحوم القمّيّ مخاطباً المرحوم الامين: لِمَ ذكرتَ في كتاب « أعيان الشيعة » بيعة الإمام زين العابدين علیه السلام ليزيد بن معاوية علیه وعلی أبيه اللعنة والهاوية؟!
فقال: إنّ « أعيان الشيعة » كتاب تأريخ وسيرة. ولمّا ثبت بالادلّة القاطعة أنّ مسلم بن عقبة حين هاجم المدينة بجيشه الجرّار، وقتل ونهب وأباح الدماء والنفوس والفروج والاموال ثلاثة أيّام بأمر يزيد، وارتكب من الجرائم ما يعجز القلم عن وصفها، فقد بايع الإمام السجّاد علیه السلام، من وحي المصالح الضروريّة اللازمة، والتقيّة حفظاً لنفسه ونفوس أهل بيته من بني هاشـم، فكيف لا أكتب ذلـك ولا أذكـره في التأريخ؟! ومثل هذه البيعة كبيعة أميرالمؤمنين علیه السلام أبا بكر بعد ستّة أشهر من وفاة الرسول الاكرم واسـتشـهاد الصدِّيقة الكبري فاطـمة الزهـراء سـلامالله علیهما.
قال المرحوم القمّيّ: لا يصلح ذكر هذه الاُمور وإن كانت ثابتة، لا نّها تؤدّي إلی ضعف عقائد الناس . وينبغي دائماً أن تُذكر الوقائع التي لا تتنافي مع عقيدة الناس.
قال المرحوم الامين: أنا لا أدري أيّ الوقائع فيها مصلحة، وأيّها ليس فيها مصلحة. علیك أن تذكّرني بالاُمور التي ليس فيها مصلحة، فلا أكتبها!
Traduction :
« Il m’a été rapporté par mon ami, le regretté, le Dévot, le Généreux, son Éminence, l’Ayatollah Sayyed Sadr-din al-Jazâ’irî, qu’Allah élève sa dignité, alors qu’il se trouvait un jour dans la demeure du regretté, l’Ayatollah sayyed Muhsin al-Amîn al-‘Amilî, qu’Allah lui fasse miséricorde, au Cham (ndlr : région de la Syrie) et trouva ici présent le regretté, le digne de confiance parmi les Mouhaddithin, le Cheikh ‘Abbâs al-Qommî, qu’Allah lui fasse miséricorde.
Et une discussion prit place entre al-Qummî et al-Amîn.
S’adressant à al-Amîn, al-Qommî lui dit : pourquoi as tu mentionné dans ton livre « A’yiân ach-Chi’a » le pacte d’allégeance de l’Imam Zîn al-‘Âbidîn (4ème Imam), que la Paix soit sur lui, à Yazîd fils de Mou’âwiya, sur lui et sur son père, la malédiction [d’Allah] et [les supplices de] l’Enfer.
Al-Amîn répondit : « A’yiân ach-Chi’a » est un livre d’histoire et une biographie (des Imams), et à partir du moment où il est dûment établi que Muslim fils de ‘Uqba, lorsqu’il assiégea Medina (al-Munawwara) avec son armée considérable, se livrant aux tueries, aux pillages, à rendre licite le sang [des habitants], la chasteté [des femmes] et des biens pendant 3 jours suivant l’ordre de Yazîd, et se livrant à des crimes que la plume est incapable de décrire, c’est alors que l’Imam Sajjâd (autre surnom du 4ème Imam), que la Paix soit sur lui, prêta serment d’allégeance, et cela pour des raisons nécessaires dictées par ces circonstances, et de taqiya (dissimulation religieuse) pour sauver sa vie et celle des gens de sa famille parmi le clan des Hâshim (Bani Hâshim).
Comment n’écrirais-je pas tout cela et ne le mentionnerais-je pas dans l’histoire.Et il en est de ce pacte d’allégeance comme celui de l’Emir des Croyants Ali, que la Paix soit sur lui, envers Abu Bakr après que ce soit écoulé 6 mois après la mort du Prophète et du martyr de la Véridique Fâtima az-Zahra, que la Paix soit sur eux.
Al-Qommî dit alors : il ne convient pas de mentionner ces informations, quand bien même elles seraient dûment établies, car elles portent atteinte à la croyance des gens (les Imamites), et il convient de toujours mentionner les évènements qui ne contredisent pas à la croyance des gens.
Sur ce, al-Amîn dit : En ce qui me concerne, je ne sais pas quels sont les évènements qui présentent un intérêt (une utilité) et lesquels ne présentant pas d’intérêt. A toi de me dire quels sont ceux qui ne présentent pas un intérêt (et qui pourraient nuire à la croyance des gens) de sorte que je ne les écrive pas3. »
Il est question ici du serment d’allégeance prêté par l’Imam Ali Ibn al-Hossein Zîn al-‘Âbidîn à Yazid Ibn Mu’awiyah suite aux massacres commis par Muslim ibn ‘Uqba à Médine sous les ordres de Yazid. Bien qu’il soit islamiquement compréhensible qu’un homme prête serment d’allégeance à un tyran afin de lui laisser la vie sauve et celle de ses proches, et que donc il ne soit pas nécessaire de cacher quoi que ce soit aux gens, il est fort surprenant de lire cette invitation à cacher ce genre de récit, cela montre à quel point les savants Chiites souhaitent garder la main-mise sur l’esprit de leurs adeptes.
Nous apprenons également de la part de Muhsin al-Amîn (connu pourtant comme étant un adepte du rapprochement Sunnites – Chiites) que ce serment d’allégeance est comparable à celui de l’Imam Ali envers Abu Bakr , il a été prêté sous l’effet de la taqiya afin de se préserver et de préserver la vie de ses proches, bien que selon al-Amîn, l’épouse de l’Imam Ali , Fatima az-Zahra est morte en martyr. En effet, dans la version chiite de l’Histoire, Fatima la fille du Prophète est morte assassinée, ainsi que son fils al-Mohsin qu’elle portait encore dans son ventre, par les compagnons avec à leur tête Omar et Abu Bakr lors de l’investiture de ce dernier au Califat. Cet assassinat fait lui aussi l’objet d’une dissimulation de la part des prêcheurs chiites qui se gardent bien de le déclarer haut et fort.
- Pratique qui en Islam permet au Musulman désirant se protéger d’un ennemi quelconque de masquer ses véritables croyances, mais dans le Chiisme Imâmite comme vous pouvez le voir sur notre site, elle consiste à dissimuler ses véritables croyances bien souvent haineuses, face à son interlocuteur qu’il soit un ennemi ou un Musulman.
- « O Abu Umar les neuf dixième de la religion consiste en la taqiya. Celui qui ne pratique pas la taqiya n’est pas un croyant véritable ». Al-Kafi d’Abu Jaafar Al Kulayni, Vol.2, page 217. Kitab al-Tahara d’Al-Murtada al-Ansari, Vol. 2, page 279 dans lequel il déclare cette narration authentique.
- Ma’rifat al-Imam, Vol.15, dans le chapitre intitulé « Critique de l’avis du Muhaddith al-Qommî concernant le fait de ne pas relater certaines vérités historiques ». Disponible en ligne sur le lien suivant : www.maarefislam.org